La situation du vol à voile Orléanais

Des statistiques alarmantes

Le vol en planeur se pratique depuis 1930 à Orléans, d'abord sur l'aérodrome de Saran puis sur celui de St Denis de l'Hôtel. Au fil des années, et jusqu'à la fin des années 1980, la section planeur de l'Aéro-club d'Orléans a développé son activité.

Cependant cette tendance s'inverse au début des années 90.

•  en 1990 203 vélivoles (dont 24 pilotes étrangers) ont effectué 4752 h de vol planeur.

•  en 2003 60 vélivoles (0 pilote étranger) ont effectué 1992 h de vol planeur.

•  en 2004   51 vélivoles (0 pilote étranger) ont effectué 1552 h de vol planeur.

•  en 2005 56 vélivoles (0 pilote étranger) ont effectué 1736 h de vol planeur.

Il faut attendre l'année 2005 pour que soit enrayée cette chute spectaculaire de l'activité. Saluons pour cela une équipe soudée de pilotes et d'instructeurs qui n'ont pas économisés leurs efforts pour faire la promotion de ce sport. Les campagnes médiatiques ont été efficaces mais les difficultés associées à la structure et aux règles de fonctionnement de l'aérodrome de St Denis de l'Hôtel en limite fortement les retombées. L'impression générale partagée par les membres est « une course de fond avec de l'eau jusqu'à la taille ».

Commentaires

Si une baisse d'activité générale du vol en planeur a été constatée en France jusqu'au milieu des années 1990, elle est maintenant stabilisée, et sans commune mesure avec celle enregistrée à Orléans. De nombreuses associations ont même bénéficié d'un regain d'activité ces dernières années. La section planeur de l'aéro-club d'Orléans recrutant dans une région favorisée sur le plan démographique et économique, devrait se trouver elle aussi dans une phase de développement, ce qui est loin d'être le cas.

Explications

Au début des années 90, l'aérodrome de St Denis de l'hôtel, est devenu un aéroport à vocation commerciale. Des aménagements importants ont été effectués au fil des années, favorisant par ailleurs, le développement d'activités de loisir telles le parachutisme, la voltige, l'aviation ultra légère motorisée (ULM). Ce changement de statut rendait indispensable la création d'une nouvelle piste planeur plus éloignée de la piste avion. Un projet en ce sens avait été mené. La création d'une vélisurface délocalisée avait même été envisagée. Mais ces projets ont été abandonnés.

La spécificité du vol en planeur n'a jamais été correctement prise en compte sur la plateforme actuelle, et les contraintes et restrictions de toutes sortes se sont accumulées sans aucune contrepartie, induisant des surcoûts non négligeables. La rentabilité souffre de l'interdiction récente d'utiliser la piste revêtue (bitumée) lors des débuts de saison pluvieux. La piste en herbe dévolue à la pratique du planeur est régulièrement inondée, au printemps et en automne, amputant de moitié la saison d'activité planeur. Seul un drainage de la piste pourrait l'assécher mais il n'est pas à l'ordre du jour. Dans ce contexte, il est devenu difficile d'attirer et de former de nouveaux pilotes.

Le ratio contrainte/plaisir est devenu très défavorable à la pratique, repoussé aux limites du supportable. Le club éprouve les plus grandes difficultés à retenir ses pilotes de compétition qui vont chercher ailleurs des conditions plus favorables pour leur préparation.

Les exigences de sécurité

Une densité dangereuse

La concentration des activités aériennes sur un même site est une aberration. Le vol en planeur est un grand consommateur d'espace. Très dépendant des conditions météorologiques, il utilise la majeure partie du volume autour de l'aérodrome. Les premières prises d'ascendances après le largage se font de préférence à la verticale ou au vent de l'aérodrome. En cas de vent fort, Il est souhaitable que les pilotes débutants puissent accomplir la totalité de leurs vols dans le secteur au vent.

A Saint Denis de l'Hôtel, les planeurs doivent partager l'espace local avec les avions légers et les ULM, les avions commerciaux, les parachutes, les avions de voltiges. Ce partage se traduit par l'impossibilité d'utiliser tout le secteur nord-est et les secteurs ouest et nord-ouest en dessous de 500 m. De plus, un volume théorique de 1 km³ dont le plancher se situe 500 m au dessus du tour de piste planeurs, en limite sud-est des pistes est réservé à l'activité voltige. En pratique, pour raison de sécurité, ce volume est bien plus grand et commence bien plus bas.

Une cohabitation fragile

La cohabitation entre les activités est assez bien gérée mais la gêne mutuelle est importante. Par les situations de vent comprises entre l'ouest et le nord-est (les plus fréquentes), la prise d'ascendance par les planeurs doit donc se faire sous le vent du terrain, ce qui la rend aléatoire et aberrante au plan de la sécurité. Lorsque les ascendances sont rares, les possibilités en début de vol sont réduites.

La forte activité générale sur le site de St Denis de l'Hôtel et le nécessaire partage de l'espace aérien, excluent la possibilité d'utiliser le treuil comme moyen de lancement pour les planeurs. Alors que l'espace aérien inférieur est très peu fréquenté, il n'est pas rationnel de concentrer autant d'activités aériennes dans un même volume d'aérodrome.

Carte VAC de l'aérodrome de St Denis de l'Hôtel  : y sont représentées les activités avion, hélicoptère, ULM, voltige aérienne et planeur. L'activité « parachutisme » ne figure pas sur la carte originale et a été rajouté à l'endroit précis où elle est pratiquée.

L'aménagement de la plateforme : un handicap pour le vol a voile

La disposition accolée des deux pistes

Cette disposition interdit leur utilisation simultanée. Les règles de priorité qui en découlent imposent aux utilisateurs de la piste revêtue des temps d'attentes importants au décollage et des remises de gaz fréquentes à l'atterrissage. De leur côté, sur la piste en herbe, les planeurs subissent de nombreuses attentes pour cause de décollage ou d'atterrissage en cours sur la piste revêtue. L'allongement récent de cette piste, crée , malgré les

précautions prises, un risque important de collision entre un planeur et un avion en cas de sortie de piste de ce dernier. De fait, la piste en herbe ne joue pas correctement son rôle de bande de dégagement. Cette disposition est un obstacle supplémentaire à l'utilisation d'un treuil.

La situation des hangars abritant les planeurs

Cette situation impose aux vélivoles de mettre les planeurs en œuvre en traversant les deux pistes. Cette situation accidentogène, implique des temps d'attente importants, l'utilisation intensive donc coûteuse des véhicules de piste, des procédures radios nombreuses et fastidieuses qui encombrent, au détriment de la sécurité, une fréquences déjà très chargée. Les conducteurs des véhicules de piste appliquent une réglementation contraignante. La traversée des pistes pour le retour aux hangars en QFU 23 ne se fait pas dans des conditions satisfaisantes de visibilité.

Le déplacement des pilotes, de leurs invités, des gens désireux d'approcher les planeurs de plus près ne peut se faire qu'à bord des véhicules de pistes. Chacun est totalement dépendant de la disponibilité de ces matériels. Isolés aux extrémités du terrain, les vélivoles ont de grandes difficultés à assurer la promotion de leur loisir. Les contraintes qui pèsent de manière générale sur l'activité vol à voile rendent l'encadrement et la formation fastidieuse.

Depuis le changement de statut de l'aérodrome, l'utilisation de la piste en dur n'est plus autorisée pour le décollage des planeurs. Cette situation pèsent sur l'activité lorsque la piste en herbe est détrempée (ce qui est très souvent le cas en début et en fin de saison) et impose aux plus motivés des délocalisations provisoires.

Au sol on constate aussi qu'il n'est pas rationnel de concentrer autant d'activités aériennes sur un même d'aérodrome.

Une plateforme inadaptée aux pratiques de loisirs

L'aviation légère et l'aviation commerciale font l'objet depuis quelques années d'une surveillance accrue rendue nécessaire par l'évolution de la situation internationale et du risque terroriste. La plateforme de St Denis de l'Hôtel a donc pris lentement des allures de camp militaire avec une clôture surmontée de barbelés, une surveillance très stricte des personnes circulant dans l'enceinte de l'aérodrome, un système d'alarme qui s'active automatiquement à des horaires fixes et des portails qui se referment automatiquement en soirée.

Ces mesures de sécurités sont particulièrement contraignantes pour les pilotes de planeurs bénévoles. Ils ne peuvent pas disposer librement de l'atelier pour assurer l'entretien et les réparations annuelles du matériel. Cette situation est d'autant plus regrettable que le vol à voile seul ne justifierait pas de telles mesures de sécurité.

L'accueil des familles des pilotes et particulièrement des enfants est rendu difficile, voire impossible, pour les mêmes raisons de sécurité. Aucun espace n'est prévu pour eux. L'aérodrome est devenu un lieu particulièrement inhospitalier pour les proches qui participent pourtant à l'activité en assurant les dépannages lorsqu'un planeur s'est posé dans un champ en campagne ou en aidant à l'organisation en piste. La convivialité est l'un des facteurs indispensables au développement du planeur, les valeurs d'entraide étant à la base même de sa pratique. Ces restrictions sont aussi responsables de l'érosion du nombre de membre observé à Saint Denis de l'Hôtel. Pourtant, nombreux sont les exemples des plateformes où la présence des familles n'entre pas en conflit avec les règles de sécurité. Ces plateformes sont soit plus modestes, soit entièrement dédiées à la pratique du planeur.

Conclusion

On constate que l'activité planeur subit plus que toutes les autres les lourdes contraintes générées par les activités moteur et commerciale.

Cohabitation des activités sur une même plateforme : quels avantages ?

Le regroupement de différentes activités aériennes sur une même plateforme est souvent la règle. Il est justifié par un certains nombre d'avantages : l'homologation et l'entretien d'une plateforme unique, le partage d'une pompe à carburant unique, la possibilité pour une personne de découvrir et pratiquer plusieurs loisirs sur le même site, la cohabitation de plusieurs activités au sein d'une même association… En matière de recrutement, pour la formation des pilotes remorqueurs particulièrement, le vol à voile a longtemps profité de ce regroupement.

Ainsi que l'expliquent les paragraphes précédents, cette vision des choses trouve ses limites sur un aérodrome commercial exigu et à fort trafic général comme celui de St Denis de l'Hôtel. Trop de contraintes pèsent sur l'activité des planeurs.

Le nombre de pilotes pratiquant simultanément le vol à moteur et le vol à voile diminue régulièrement depuis plusieurs années. Le renouvellement des pilotes remorqueurs est aléatoire. Parallèlement, le parc vieillissant des avions remorqueurs va poser le problème de son renouvellement, y compris à l'Aéro-club d'Orléans.

L'acquisition d'un treuil permettrait de régler ces problèmes et de s'affranchir de la disponibilité d'une pompe à carburant. Hormis le fait que la plateforme existe déjà, il y a peu de raisons de maintenir le vol à voile sur l'aérodrome de St Denis de l'Hôtel.

Le transfert de l'activité planeur sur une autre plateforme permettrait aussi de récupérer de l'espace au profit des autres activités, de supprimer les risques liés aux déplacements des planeurs sur la plateforme et de soulager la fréquence radio.